(ce qui précède est ici)

Notre but est à la fois de permettre une révision des notions du programme mais aussi de montrer qu’il existe une méthode pour philosopher. La suivre permet à la fois de ne jamais rester bloqué sur un sujet et surtout d’arriver à problématiser n’importe quel sujet sans avoir de connaissances extraordinaires en philosophie. Il suffit d’apprendre l’essence (pas une simple définition) des notions au programme avant de se rendre au baccalauréat et ensuite de confronter ces essences (toutes les conditions nécessaires et suffisantes) au concept proposé. Nous donnons ici l’exemple du sujet qui nous invite à comparer le bonheur et le repos. Nous avons trouvé 4 conditions nécessaires et suffisantes pour qu’il y ait bonheur au sens fort du terme (voir ici) :
1° un état
satisfaisant
qui dure éternellement (à la différence du plaisir qui est de l’ordre de l’instant ou de la joie qui dure de façon consistante dans le temps). Dans le bonheur, on est en-dehors du temps, dans l’éternité. [Attention à l’ânerie fréquente : mais un état qui serait éternel n’existe pas. Et alors ? Ce n’est pas parce que vous ne pouvez pas vous procurer une voiture faute d’argent que la voiture n’existe pas ! Ici on se demande ce qu’est le bonheur, son essence, et on peut donner l’essence d’une chose qui n’existe pas.]
4° qui donne une satisfaction totale en qualité et en intensité.

Nous avons montré comment procéder pour trouver ou tout au moins permettre de s’approcher de l’essence d’une notion qui n’est pas au programme, ici, le repos. Et nous avons fait l’hypothèse que nous ne pouvions pas définir ce concept de repos jamais vu en cours. Pour sortir de cette impasse, nous avons comparé des expressions communes dans lesquelles nous trouvons la notion de repos à certains éléments de définition du bonheur (état ; satisfaction), ce qui nous a permis de problématiser l’intitulé. On aurait pu également se demander si le repos, à la façon du bonheur, est un état hors du temps ? Là encore, tout repos, au sens fort du terme, nous permet-il de sortir du temps ? On sait bien ce que signifie pour l’homme l’expression « repos éternel » …
Mais pour qu’il n’y ait plus de temps, il faut qu’il n’y ait plus de conscience car c’est elle qui produit dans tout présent un creux, un non-être qui fait qu’il n’y a pas le présent en soi mais tant qu’il y a conscience, présent du présent, présent du passé et présent de l’avenir (voir ici les rapports entre temps et conscience). Ne faudrait-il pas alors que le repos abolisse la conscience pour que cesse l’inquiétude (l’absence de quies, de repos) qui la définit? La question revient donc à se demander s’il existe un repos qui abolit la conscience pour que le bonheur dans son essence puisse être.

Quel est l’enjeu, la conséquence de ce sujet : il est essentiellement de nature anthropologique. Si la conscience est le propre de l’homme faut-il l’abolir pour que le bonheur soit possible et alors, de quelle nature serait un repos sans conscience ? Le vrai repos n’exige-t-il pas l’abolition de la conscience ? Et sans être présente comme chez le Caïn de Victor Hugo, sous la forme d’une conscience coupable d’un crime, la conscience n’est-elle pas là, toujours présente, au cœur d’un repos, minant de l’intérieur un état que l’on pouvait illusoirement qualifier d’heureux? :
« On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn. « 

(la suite est ici)