Les sens de la question pourquoi : pourquoi cette épidémie ? (1)

(Méthodologie et programme)

Échauffement à la méthodologie.

Les hommes, touchés dans leur existence  par un événement grave, ne peuvent s’empêcher de poser la question : «pourquoi ». La présence aujourd’hui, dans la quasi-totalité des sociétés, du coronavirus Sars-CoV-2 qui provoque la maladie Covid-19, réveille la même interrogation. A ceux qui pourraient s’étonner que nous saisissions dans ce site, la survenue de cette épidémie pour tenter de la penser, rappelons les mots de Georges Canguilhem, médecin et philosophe,  » la philosophie se nourrit de ce qui n’est pas elle « . Et Déjà Hegel déclarait que «la lecture du journal est à l’espace public moderne ce que la prière était au monde culturel organisé essentiellement par la religion. » Nous allons voir que ce que nous lisons ou entendons aujourd’hui dans les journaux et les télévisions nous fournissent une abondante matière pour tenter de philosopher.

Puisque de nombreux sujets au baccalauréat partent ou portent sur cet adverbe interrogatif, nous allons tenter de clarifier ses différents sens possibles.  Se lancer dans la rédaction d’un devoir, sans analyser les sens de cet adverbe interrogatif, c’est, au mieux, ne voir qu’un aspect limité du problème, et au pire, répondre à une autre question !

Quelques exemples de sujets tombés au baccalauréat, en liens plus ou moins forts avec notre réflexion sur l’épidémie du coronavirus. Dans ces sujets la plupart des sens possible de l’adverbe pourquoi sont mobilisés, essayez de les trouver :

  • Pourquoi cherche-t-on à connaître ?
  • Pourquoi la nature obéirait-elle à des lois ?
  • Pourquoi vouloir la science ?
  • Pourquoi rechercher la connaissance ?

Si vous avez trouvé, grâce à ces sujets différents, tous les sens possibles de l’adverbe pourquoi, il restera une difficulté qui exige un peu d’intelligence, à savoir, ne garder que celui ou ceux qui sont spécifiques à ce sujet.

Mise en forme : analyse d’un sujet à la question pourquoi.

« Pourquoi la science ne peut-elle pas être considérée comme un ensemble d’opinions ? »

Les débats actuels sur l’épidémie, portés par les différents moyens de communication qui font défiler tous les types de « sachants » ou de « non sachants » qui parlent sans savoir qu’ils ne savent pas, constituent un terreau fertile pour engager une réflexion sur cet intitulé.

Ici, l’adverbe pourquoi prend essentiellement la signification de raison : on vous demande les raisons pour lesquelles science et opinion sont de nature différente.  [On pourrait faire appel à d’autres sens de l’adverbe, mais comme il ne s’agit ici que d’une mise en forme et, pour des raisons pédagogiques, nous ne les donnerons pas tout de suite.]

Attention à la fausse route.

Remarquons, à l’attention de ceux qui veulent traiter leur sujet et non le sujet, que l’intitulé ne vous demande pas si la science peut être considérée comme un ensemble d’opinions (auquel cas on serait amené à répondre par oui et par non ou l’inverse) ; ici, on vous donne une affirmation que vous ne devez pas remettre en question mais dont vous devez justifier la justesse, la vérité (que cela vous plaise ou non !) par des arguments différents qui vont du plus superficiel au plus fondamental.

Le devoir ne s’organisera donc pas sous la forme dialectique hégélienne, rhétoriquement traditionnelle, de « l’identité de l’identité et de la non-identité » qui, appliquée à l’exercice de la dissertation donnera la structure (pas le plan) suivante : oui du oui et du non oui. [dans cette formulation le Oui ne signifie pas que vous répondiez oui à la question ; ce pourrait être non. Il désigne seulement la thèse que vous voulez défendre. Exemple : soit le sujet « La science peut-elle être considérée comme un ensemble d’opinions ? », si vous répondez non dans la première partie (votre thèse), dans la formule ci-dessus cela correspond à oui (oui à votre thèse qui dit non à l’intitulé !]

Explicitons cette formule apparemment compliquée mais qui le sera encore plus (!) par le développement qui suit : oui (identité : c’est la partie 3 du devoir, nommée synthèse) du oui (identité : partie 1 du devoir qui énonce la thèse) et du non du oui (non-identité : partie 2 du devoir nommée antithèse qui met en question la thèse de la partie 1). Et attention, le oui de la partie 3 (synthèse) n’est pas la simple répétition du oui de la partie 1 car il doit intégrer, pour le dépasser, le non de la partie 2 !

Disons-le autrement encore : la structure démonstrative du devoir, (pas le plan) sera la thèse (partie 3 nommée synthèse) de la thèse (partie 1) et de la non-thèse (partie 2).

(à suivre)