Faut-il démontrer pour savoir ?

 Ce sujet ne peut pas être surprenant pour cette série scientifique. La notion de démonstration figure au programme mais de cela, peut naître une difficulté : celle de ne voir que ce concept de démonstration et d’oublier d’analyser toutes les possibilités qu’offre le concept de savoir. Savoir vient du mot latin scire qui a donné science. On sera donc tenté de limiter sa réflexion à des considérations sur les sciences, particulièrement sur les mathématiques et la logique. Mais à moins de vouloir réduire de façon dogmatique tout savoir à la science, il existe bien d’autres domaines où je puis parler de savoir : je sais que je suis en train de passer le baccalauréat et ai-je besoin d’une démonstration pour être assuré de ce savoir ? Que dire du savoir de l’existence que je mène et de la certitude de ma propre existence, le se sentir soi-même), du technicien, du métaphysicien, de l’artiste etc. ?

Si l’on ne restreint pas le concept de savoir au seul domaine scientifique, on voit apparaître une tension entre ce qui relève de la raison et ce qui ne la nécessite pas pour exister. Le rationnel, structuré sous une forme précise que l’on nomme démonstration, est-il la seule condition de possibilité de tous les savoirs ? N’y aurait-il qu’une seule forme de savoir en dépit de la diversité des savoirs ? Telle est la question qui est posée à travers cet intitulé.

L’enjeu porte, en dernier lieu, sur la philosophie car on pourra se demander si, en ce domaine, la démonstration a un sens et cette interrogation est encore plus prégnante si l’on pense à la dimension le plus fondamentale en philosophie, à savoir, la métaphysique. Car s’il n’y a de savoir véritable que chez celui qui passe par la médiation de la seule démonstration, toutes les spéculations métaphysiques qu’elle peut produire seraient transformées en simple croyance sans raison ; ainsi en serait-il des tentatives de la théologie dite rationnelle (et non pas simplement révélée) qui tente de démontrer l’existence de Dieu. Pouvons-nous dire alors avec le mouvement du « Cercle de Vienne » du début du XXe siècle que les problèmes posés par la métaphysique proviennent de mots qui ne sont pas clairement définies et qui débouchent sur des propositions invérifiables ?                (à suivre ici)