Pour ceux qui ont raté le premier épisode, c’est ici qu’il faut d’abord aller

Avez-vous essayé de réfléchir quelques minutes ou vous êtes-vous laissé entraîner par l’objet technique qu’on appelle souris et qui vous fait cliquer comme vous respirez ? (Voir le sujet tombé en Polynésie au bac 2012 : « Les objets techniques nous imposent-ils une façon de penser ou seulement une manière de vivre ? »). Pour ceux qui n’ont pas tenté de réfléchir pour aller voir instantanément ailleurs, on pourrait dire que les objets techniques leur imposent à la fois une manière de vivre et une façon de ne pas penser). Il faut se battre avec un intitulé en présupposant
1° qu’on n’en comprend pas la signification
qu’il y a un problème à mettre en évidence : c’est le meilleur conseil que l’on puisse donner pour se préparer à la dissertation.

Ici, il suffit de mobiliser ce que l’on a appris au CP (véritable Cours Préparatoire .. à toute dissertation) et que la plupart des élèves ne veulent pas convoquer quand, dans un intitulé, il y a un « son » (voir ce sujet de Polynésie 2012 que nous avons analysé « Dépend-il de nous d’être heureux?« ), un « mon » un « soi » etc…, à savoir le minimum de connaissance de la grammaire française. Nous avons un adjectif possessif (« mes ») et un pronom personnel (« me »). Si c’est possessif, c’est que cela se rapporte à moi, m’appartient. Et j’ai honte d’avoir à écrire, tellement cela crève l’esprit, que l’on ne voit pas comment, ce qui est mien (mes désirs) pourrait ne pas être mien ? Et si ce qui est mien, n’est pas mien, c’est qu’il m’est étranger et s’il m’est étranger, c’est que je suis autre dans mes désirs que ce que je pensais être, c’est que je suis aliéné (de alienus qui signifie étranger). Et voilà un problème!

Mais on peut encore approfondir notre réflexion sur les deux possessifs qui figurent dans l’intitulé. On peut se demander si l’on peut dissocier, d’une part, «mes désirs» et d’autre part «m’appartiennent-ils». Pour cela, on peut se servir d’exemples de la vie quotidienne la plus banale. Je puis dire que ma maison ne m’appartient pas. En effet si je la loue, elle est bien ma maison mais je n’en suis pas le propriétaire. On se demande alors si cette comparaison peut avoir un sens pour notre intitulé. Pourrais-je avoir des désirs que j’exprime, qui sont les miens, qui viennent de moi, sans que j’en sois en même temps le propriétaire, le maître ? Ne pourrais-je pas penser que les désirs que j’exprime (mes désirs) ne m’appartiendraient pas parce j’ignorerais leur source (inconscient) ou (et), plus subtilement, parce que c’est de l’autre que viendraient mes désirs ? En d’autres termes, le fait d’exprimer mes désirs ne seraient pas le signe qu’ils m’appartiennent car, à la fois, je n’en connaîtrais pas la source et c’est l’autre qui en serait le véritable propriétaire. Il resterait alors à se demander si le fait que mon désir soit le désir de l’autre (comprenons ici venant de l’autre qui serait la condition de possibilité de mon désir) entraînent nécessairement une aliénation : tout ce qui m’est étranger est-il aliénant ou au contraire le fait que c’est l’autre qui constitue la possibilité de l’existence de mon propre désir n’est-il pas ce qui me donne mon autonomie véritable?

On voit que ce travail indispensable pour toutes les dissertations n’a rien d’impossible et une fois qu’il a été effectué, la problématique et le fameux plan (qui n’a strictement aucune importance si vous pensez comme on vient de le faire) est tout fait puisqu’il s’agira ensuite d’essayer de prolonger les différentes questions que nous avons découvertes en lisant l’intitulé …

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