Série L

Premier sujet
Pouvons-nous dissocier le réel de nos interprétations ?

Deuxième sujet
Les objets techniques nous imposent-ils une façon de penser ou seulement une manière de vivre ? (voir ici l’analyse de cet intitulé)

Troisième sujet

Expliquer le texte suivant
Ce n’est pas pour les richesses ni pour les honneurs que les gens de bien consentent à gouverner : ils ne souhaitent aucunement être considérés comme des salariés en exerçant ouvertement leur fonction de commander contre un salaire, pas plus qu’ils ne souhaitent être traités de voleurs en retirant personnellement de leur fonction des avantages occultes. Ils ne le font pas davantage en vue des honneurs, car ils ne recherchent pas les honneurs. Il est donc nécessaire que la perspective d’une punition vienne les contraindre à s’engager, s’ils doivent consentir à prendre le commandement. De là vient, pour celui qui s’engage spontanément dans l’exercice du gouvernement sans avoir subi la pression de la contrainte, le risque de s’attacher une réputation déshonorante. Or, la punition la plus sévère est d’être commandé par quelqu’un de plus médiocre que soi, si on ne consent pas à gouverner soi même. C’est parce qu’ils redoutent cette punition, me semble-t-il, que les gens valeureux prennent le pouvoir quand ils le font. Ils s’engagent alors dans l’exercice du gouvernement sans rechercher leur intérêt personnel, ni comme s’ils en attendaient de l’agrément, mais bien par nécessité, et parce qu’il ne leur est pas loisible de confier le pouvoir à des gens meilleurs qu’eux-mêmes, ou tout simplement semblables à eux. Si, d’aventure, une cité composée d’hommes de bien venait à exister, l’abstention des fonctions de gouvernement serait l’objet de bien des rivalités, comme on le fait à présent pour parvenir à gouverner, et il serait tout à fait manifeste que le gouvernant véritable n’est pas disposé naturellement à rechercher son intérêt personnel, mais bien celui du sujet qu’il gouverne.

PLATON, La République, livre I

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

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Les sujets sur la technique donnent lieu généralement de la part des candidats à des considérations générales et pleureuses que l’air du temps et des médias ne risque pas de modérer. Et pourtant, il suffirait, comme toujours, de lire le sujet et de le problématiser pour produire, non pas des jérémiades sur la technique qui détruit tout, mais une réflexion de nature philosophique. On peut lire ici une analyse de ce qui permet de définir la technique.
Ici, on fera attention au fait que l’on parle non pas de la technique mais des objets techniques ; s’il y a ob-jet (étymologiquement, ce qui est jeté devant), c’est que l’on pose une distance, une séparation, entre, soit une façon de penser soit une manière de vivre. Ce sujet reprend le présupposé ancien selon lequel la technique serait posée à l’extérieur de l’homme ; quand on voit l’unité formée par le corps et l’esprit de tout élève (ou même de la compagne d’un Président pour tweeter …) avec son portable, il n’est plus possible de parler d’ob-jet au sens fort du terme. La technique s’est désormais totalement intériorisée au sujet lui-même de telle sorte que, de même que je ne considère pas mes jambes comme un ob-jet que je mobilise quand je veux marcher, de même je ne considère plus mon portable comme extérieur à mes décisions : cela pourrait permettre, dans une dernière partie, de remettre en question les présupposés de l’intitulé qui laisse croire que je suis en face d’objets techniques disposés devant moi et totalement extérieurs et à ma façon de vivre et ma façon de penser.
De plus, on oppose « manière de vivre » et « façon de penser ». On n’oubliera pas que le « ou » peut avoir un sens exclusif (= fromage ou dessert) mais (ou!) aussi inclusif (fromage et dessert)! Là encore, une telle séparation a-t-elle un sens ? Peut-on séparer nettement manière de vivre et façon de penser ? Chaque façon de vivre n’est-elle pas intrinsèquement liée à une façon de penser. Gardons l’exemple du portable, superficiel mais facile à comprendre par tous : peut-on dire que l’usage familier de cet objet par les élèves ne modifient pas leur façon de penser au sens large, à savoir la façon de considérer leurs camarades, le cours du professeur, la relation aux autres savoirs etc. Tout objet technique signifiant, modifie profondément notre façon de nous rapporter au monde, à autrui et donc, de façon indissociable, notre façon de penser et notre façon de vivre. Réviser son bac en parcourant des sites internet, engage à la fois une nouvelle manière de vivre pour l’étudiant mais aussi une nouvelle manière de penser.
On pourra trouver ici quelques réflexions sur la technique dans son rapport au vivant. (voir ici un corrigé de ce sujet)
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Décidément les L de Polynésie n’ont pas beaucoup de chance, car s’il est un concept qui les amène à coup sûr à oublier tous les conseils donnés durant l’année, c’est bien celui de réel. Au lieu d’une tentative obligatoire de définition, il est accepté comme tel et permet aux esprits fatigués de délirer sur le subjectivime, le relativisme : « A chacun son réel » qui détruit toute rationalité de leur discours ….