La technique se rencontre dans un très grand nombre de comportements et d’activités qui ne nécessitent pas toujours l’existence d’instruments. En effet, il peut y avoir des techniques corporelles (relaxation, concentration) ou intellectuelles comme le calcul mental sans la médiation d’instruments.

On pourrait dire que sa caractéristique la plus générale est d’être une activité finalisée, tendant vers un but, un telos. Cependant, toute activité finalisée, tendant vers un but, n’est pas de l’ordre de la technique comme on peut le voir dans le phénomène de l’embryogenèse au cours de laquelle on passe de la première cellule fécondée à un être développé, aux organes différenciés. L’une des caractéristiques des vivants est de présenter des finalités, ce que l’on nomme téléonomie.

Cependant pour parvenir à ce que l’on nomme technique, il faut que cette finalité soit visée à l’aide de moyens extérieurs à l’acte lui-même. Cela se trouve chez l’animal qui possède des techniques de fabrication, de construction etc. Mais c’est l’homme qui manifeste à son plus haut degré la capacité de technique puisqu’il peut penser les moyens à employer.

On voit donc que cette adéquation entre certains moyens et certaines fins peut avoir deux origines :

soit elle vient de la nature comme c’est le cas pour la plupart des animaux

soit elle vient de la pensée comme c’est le cas de la technique chez l’homme.

Ainsi, pour qu’il y ait technique au sens fort du terme, il faut qu’intervienne une pensée, une conscience préalable qui organise l’adaptation des moyens au but proposé.
C’est pourquoi on a pu proposer la définition suivante de la technique : « la technique est la mise en œuvre de moyens orientés intentionnellement et méthodiquement en fonction d’expériences, de réflexions et parfois même de considérations scientifiques« . Cette définition a pour intérêt de faire apparaître les éléments constitutifs de la technique, à savoir :

le rapport moyen-fin qui manifeste que la technique est une pensée du « si … alors »;

– une pensée en acte qui n’agit pas par la méthode irréfléchie et qui procède par hasard, d’essais et d’erreurs ;

la rationalité de l’action technique qui obéit à des règles, des méthodes explicites qui la rendent facilement transmissibles (ce qui fait que l’art n’est pas réductible à la technique car le génie créateur ne se transmet pas et qu’il ne faut pas confondre technique et magie);

– l’intrication possible et aujourd’hui réalisée de la technique et de la science.

Même si la technique exige, dans sons sens fort, l’utilisation d’une pensée, il existe, notamment chez les grecs, des critiques radicales de cette pratique que l’on peut saisir à travers le rejet de la technique d’écriture par Platon (voir ici son explication). On trouvera dans la lecture de ce mythe l’ensemble des catégories qui ont déterminé la culture occidentale dans sa façon d’envisager la technique et d’en faire la critique. Aujourd’hui encore la plupart des arguments que l’on avance pour critiquer certaines développements de la technique se trouvent dans la pensée platonicienne et grecque : nous montrons sur ce site que les arguments employés contre l’introduction de la vidéo dans le football sont strictement les mêmes que ceux que Platon employait contre l’écriture !