Nous mettrons bientôt une analyse du sujet sur le bonheur (c’est fait ici « Le bonheur se trouve-t-il dans le repos?« ), notion qui tombe très souvent. Mais attention, le bonheur n’est pas le plaisir et ne peut être réduit à n’être qu’une simple satisfaction car toute satisfaction n’est pas du bonheur. En philosophie, on doit toujours prendre les concepts dans leur sens fort, leur essence, c’est-à-dire non interchangeables avec ceux qui lui sont proches. Pour ceux qui ont du temps et y trouverait quelque plaisir, nous avons montré à propos de la bière et de Philippe Delerm que celui-ci confondait allègrement le plaisir et le bonheur.

On voit que la notion de désir est tombée dans deux séries et, ironie, dans un sens inverse ! Dans un cas, on demande si le désir est le maître absolu de notre être et, dans l’autre, si c’est nous qui sommes maîtres de notre désir. Vous trouverez ici un sujet très proche « Mes désirs m’appartiennent-ils? ».

Série L
1er SUJET Une parole peut-elle être sans objet ? (la problématisation est ici)
2ème SUJET Tout désir est-il tyrannique ?
3ème SUJET Expliquer le texte suivant :
Le plus pressant intérêt du chef, de même que son devoir le plus indispensable, est de veiller à l’observation des lois dont il est le ministre (1) ; et sur lesquelles est fondée toute son autorité. S’il doit les faire observer aux autres, à plus forte raison doit-il les observer lui-même qui jouit de toute leur faveur. Car son exemple est de telle force, que quand même le peuple voudrait bien souffrir (2) qu’il s’affranchît du joug de la loi, il devrait se garder de profiter d’une si dangereuse prérogative, que d’autres s’efforceraient bientôt d’usurper à leur tour, et souvent à son préjudice. Au fond, comme tous les engagements de la société sont réciproques par leur nature, il n’est pas possible de se mettre au-dessus de la loi sans renoncer à ses avantages, et personne ne doit rien à quiconque prétend ne rien devoir à personne. Par la même raison, nulle exemption de la loi ne sera jamais accordée à quelque titre que ce puisse être dans un gouvernement bien policé (3). Les citoyens mêmes qui ont bien mérité de la patrie doivent être récompensés par des honneurs et jamais par des privilèges : car la république est à la veille de sa ruine, sitôt que quelqu’un peut penser qu’il est beau de ne pas obéir aux lois.
ROUSSEAU, Discours sur l’économie politique (1755)
1 ministre : serviteur.
2 souffrir : accepter.
3 policé : réglé.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES

1er SUJET : Sommes-nous maîtres de nos désirs ?
2ème SUJET : A quoi reconnaît-on qu’une théorie est scientifique ?
3ème SUJET : Expliquez le texte suivant :
Il est particulièrement décourageant pour un individu, et plus encore pour une classe (1), d’être laissé hors de la constitution, d’en être réduit à plaider sa cause à la porte des arbitres de sa destinée, sans pouvoir participer à la consultation. L’effet dynamisant de la liberté sur le caractère n’atteint son niveau maximal que lorsque la personne en question est soit dotée des mêmes privilèges de la citoyenneté que les autres, soit en passe de l’être. Est même plus importante encore que cette question de sentiment la discipline pratique que les citoyens acquièrent, au niveau de leur caractère, lorsqu’ils sont appelés occasionnellement, pour un temps et chacun à leur tour, à exercer quelque fonction sociale. On ne prend pas suffisamment en compte que, dans la vie ordinaire de la plupart des hommes, rares sont les occasions d’élargir leurs visions et leurs sentiments. Leur travail n’est que routine; commandé non par l’amour mais par la forme la plus élémentaire de l’intérêt personnel, soit la satisfaction des besoins quotidiens; ni l’objet de ce travail ni le processus lui-même n’ouvrent l’esprit sur des pensées ou des sentiments qui les portent au-delà d’eux- mêmes. S’ils ont à portée de main des livres instructifs, rien ne les conduit à les lire; et le plus souvent, l’individu n’a pas accès à quelque personne ayant une culture supérieure à la sienne. Lui donner une tâche à accomplir pour le public corrige dans une certaine mesure toutes ces déficiences. Si les circonstances permettent que soit considérable la somme des devoirs publics qui lui sont assignés, cela fera de lui un homme éduqué.
John Stuart MILL, Considérations sur le gouvernent représentatif, 1861

(l) Classe: groupe d’individus ayant des intérêts communs.
2 Être laissé hors de la constitution : ne pas être associé à la vie politique.

Série S
1er sujet
Le bonheur se trouve-t-il dans le repos ?
2e sujet
L’art instruit-il ?
3e sujet
Expliquez le texte suivant

« Celui qui est puni ne mérite pas la punition : on ne se sert de lui que comme d’un moyen d’intimidation pour empêcher à l’avenir certains actes ; celui que l’on récompense ne mérite pas davantage sa récompense : il ne pouvait en effet agir autrement qu’il n’a agi. Ainsi la récompense n’a d’autre sens que d’être un encouragement pour lui et pour les autres, elle a donc pour fin de fournir un motif à de futures actions ; on acclame celui qui est en train de courir sur la piste, non pas celui qui est au but. Ni la peine ni la récompense ne sont choses qui reviennent à l’individu comme lui appartenant en propre ; elles lui sont données pour des raisons d’utilité, sans qu’il ait à y prétendre avec justice. Il faut dire « le sage ne récompense pas parce qu’on a bien agi » de la même manière que l’on a dit « le sage ne punit pas parce qu’on a mal agi, mais pour empêcher que l’on agisse mal ». Si peine et récompense disparaissaient, du même coup disparaîtraient les motifs les plus puissants qui détournent de certaines actions et poussent à certaines autres ; l’intérêt de l’humanité en exige la perpétuation (1). »
NIETZSCHE, Humain, trop humain (1878)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, parla compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
(1) Perpétuation : maintien.