C’est désormais officiel : le thème de culture générale des classes préparatoires économiques et commerciales pour l’année 2015/2016 est : La nature.

Pour ceux qui sont impatients d’avoir un conseil bibliographique sur ce thème : c’est ici.

Comme pour tous les thèmes précédents, ce sera l’occasion d’articuler « la nature » à la totalité des questions philosophiques. Et s’il est un thème qui s’y prête le mieux, c’est bien celui de la nature. Puisqu’il sera impossible de parcourir la totalité des champs qui lui sont liés car ils sont infinis, il sera donc indispensable de maîtriser les différentes acceptions du concept de nature (la nature conçue comme tout ce qui est, en l’homme ou hors de l’homme, indépendant de son action, la nature comme être en soi, la nature comme essence, la nature comme principe de croissance d’un être, la nature comme règne des lois, la nature comme valeur et norme, etc.).
Et puisque nous sommes au seuil, demandons-nous comment entrer dans « la nature ».

Comment dire la nature ?

Sensation

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Rimbaud

Blé2Picoté par les blés …

Faut-il souhaiter aux étudiants de « la nature », la même extase que celle de Rimbaud cheminant «Par la Nature »? Mais comment, pour eux, accéder à la culture de la nature si, comme le dit ici le poète, on s’y prépare sans parler ni rien penser ? En n’oubliant pas que, pour Rimbaud comme pour nous, le bonheur du sentir que nous ressentons à la lecture ne réside pas dans la nature elle-même; il est celui du poème qui dit, par sa forme même, cette rencontre heureuse avec la nature (voir ici pour Rousseau) : la nature dans les mots, par les mots. Mais alors, ce bonheur de sentir la nature n’était que le bonheur de sentir la culture, plus précisément une forme de culture dite esthétique (de eisthesis qui veut dire sensation) ! Par quelle propriété des mots, ai-je pu croire que je sentais « la fraîcheur à mes pieds », alors que je ne sentais que le rythme et les sonorités des mots-formes du poète ? Mais, même s’il est peu probable que l’étude scolaire de « la nature » provoque le bonheur chez celui qui s’y adonne, nous savons toutefois que c’est dans et par les mots qu’elle devra avoir lieu. Mais de quels mots peut-il s’agir ? Et de quelle nature parlons-nous?

 (à suivre ici)