La dissertation de culture générale au concours.

Nous ne voulons pas ici donner des conseils de méthodologie que chaque professeur présente à ses élèves mais faire quelques remarques générales sur ce qui est attendu d’un candidat lors de l’épreuve de dissertation de culture générale aux écoles de commerce, indépendamment des questions de forme (nombre de parties etc.). (Nous développons différemment ce que nous avons dit dans ce blog intitulé : La dissertation 1.)

Quelle différence y a-t-il entre les dissertations de culture générale faites en première année et celles faites lors du concours en deuxième année ? Apparemment aucune, puisque les correcteurs maintiennenent les mêmes exigences qui sont celles d’une dissertation philosophique. Mais, paradoxalement, on pourrait dire que ce qui pourrait rendre plus facile l’exercice, à savoir, la présence d’une seule notion étudiée tout au long d’une année, produit l’effet inverse chez un grand nombre de candidats qui ne peuvent pas franchir un nouvel obstacle imprévu. Tendus qu’ils sont par la nécessité de montrer qu’ils ont des connaissances (et ils en ont beaucoup en fin d’année …), ils en oublient l’impératif absolu de toute dissertation, à savoir, lire l’intitulé. Au lieu de le lire, ils cherchent, dans l’intitulé, des notions ou des problèmes qu’ils ont déjà rencontrés et traités. Ce processus généralement inconscient les entraîne vers des développements et même des devoirs en totalité hors-sujet : la question de l’imagination n’échappe pas à la règle et nous sentons que le flou du concept de société proposé en 2012 provoquera des dégats encore plus importants.

Qu’est-ce lire un intitulé ? Passer de l’intitulé à la question.

Il y a une différence de nature entre la lecture d’un sujet d’histoire ou d’économie et un sujet de culture générale comprise comme une dissertation de philosophie. Si le sujet d’histoire porte sur l’agriculture en France de telle période à une autre, le candidat doit simplement veiller à ne traiter que de l’agriculture et à s’en tenir dans le corps du devoir aux dates indiquées. La qualité de la copie va être évaluée en fonction de la pertinence entre la copie et la réalité positive de l’agriculture. C’est ainsi que fonctionnent les sciences humaines qui prétendent décrire une réalité, historique, psychologique, économique etc. donnée. Il ne viendrait pas à l’esprit d’un élève de remettre en question le concept d’agriculture ou l’intitulé lui-même.
Cette acceptation première de ce qui est donné dans l’intitulé de la plupart des disciplines, rend pour l’élève difficile de comprendre ce qui est exigé de lui dans une dissertation philosophique. Celle-ci exige au contraire de ne pas prendre l’intitulé comme une donnée positive (nous ne disons pas qu’il faut en changer, ce que font d’ailleurs souvent, même les bonnes copies dans une troisième partie qu’ils croient indispensables de faire !). Il faut l’interroger, le questionner, pour passer de l’intitulé (qui n’est pas la question) au sujet véritable. En d’autres termes, c’est le candidat qui va formuler le sujet à travers cette fameuse problématisation que tant de candidats invoquent mais ne font pas puiqu’ils se contentent de paraphraser l’intitulé. Pour résumer : l’intitulé n’est pas la question ; il n’est que ce qui permet de poser la question, le problème.
Comment s’étonner devant un sujet qui comporte la notion que l’on a étudiée toute l’année, l’imagination, la société ? En devenant philosophe à la façon de Socrate : celui-ci interroge dans la rue des hommes qui connaissent leur activité comme des hommes politiques, des prêtres, des généraux, des artistes et il leur demande tout simplement quelle est l’essence de leur activité. La réponse est évidente pour eux car ils sont certains de savoir. Or Socrate, remet en question cette évidence. Et le candidat, en découvrant en fin de deuxième année, l’intitulé de sa dissertation se retrouve dans la situation des hommes qui « savent » et oublient que, comme Socrate, ils doivent toujours remettre en question leur savoir, leurs évidences. On voit que l’effort qui est demandé aux candidats ne relèvent pas d’un exploit intellectuel impossible ; il faut prendre une attitude de remise en question, d’interrogation, de problématisation de ce qui est. Cela revient pour le candidat de deuxième année de devenir naïf devant le sujet : que signifie-t-il ? Ne comporte-t-il pas des contradictions ou des paradoxes ?
Nous proposons à ceux qui voudraient appliquer ces conseils d’essayer de lire le sujet tombé cette année à Ecricome : « Pauvreté des images, richesse de l’imagination ». Ne peut-on pas trouver, au coeur de l’intitulé, une problématique ? La réponse au prochain épisode …. (c’est ici)