Bac Pondichéry 2014 : sujets de philosophie pour la série L.

Sujet 1 : Le désir nous éloigne-t-il d’autrui ?

Sujet 2 : L’Etat est-il au-dessus des lois ?

Sujet 3 :Expliquer le texte suivant :

Quiconque énonce une chose qu’il croit ou s’imagine être vraie, bien qu’elle soit fausse, ne ment pas. En effet, il a une telle confiance dans son énoncé qu’il ne veut exprimer que ce qu’il a dans l’esprit et qu’il exprime en effet. Mais bien qu’il me mente pas,  il n’est cependant pas irréprochable, s’il croît ce qu’il ne faut pas croire ou s’il pense savoir une chose qu’il ignore, quand même elle est vraie, car il tient pour connue une chose inconnue. Ainsi donc mentir, c’est avoir une chose dans l’esprit, et en énoncer une autre soit en paroles, soit en signes quelconques. C’est pourquoi, on dit du menteur qu’il a le cœur double, c’est-à-dire une double pensée : la pensée de la chose qu’il sait vraie et qu’il n’exprime point, et celle de la chose qu‘il lui substitue, bien qqu’il la sache ou la croie fausse. D’où il résulte qu’on peut, sans mentir, dire une chose fausse, quand on la croit telle qu’on la dit, bien qu’elle ne soit pas telle réellement, et qu’on peut mentir en disant la vérité, quand on croit qu’une chose est fausse, et qu’on l’énonce comme vraie, quoiqu’elle soit réellement telle qu’on l’énonce, car c’est d’après la disposition de l’âme, et non d’après la vérité ou la fausseté des choses mêmes qu’on doit juger que l’homme ment ou ne ment pas. On peut donc dire que celui qui énonce une chose fausse comme vraie, mais qui la croit vraie, se trompe ou est imprudent, mais on ne peut l’appeler menteur, parce qu’il n’a pas le cœur double quand il parle, qu’il n’a pas l’intention de tromper, mais que seulement il se trompe.

AUGUSTIN, Du mensonge, début du Vème siècle,

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Quelques remarques générales sur les sujets.

 

Le choix des sujets dans cette série nous parait particulièrement judicieux car il ouvre sur des parties essentielles de la série qui ne peuvent pas avoir échappé à la préparation des candidats.

Ce qui est curieux dans les deux dissertations proposées dans cette série L, c’est qu’ils présentent la même structure rhétorique ! On aurait pu espérer une formulation plus variée et qui incite à réfléchir sous des angles différents ! Certains diront que cette remarque importe peu puisqu’ils ne doivent traiter qu’un seul sujet, mais comme mon but est de tenter de vous montrer ce que l’on entend par philosopher dans une dissertation, elle nous invite à effectuer une réflexion indispensable, pour chaque sujet donné, sur l’intitulé.

Qu’y a-t-il de commun dans la formulation des deux dissertations ? Dans les deux cas, nous sommes en présence de deux notions : désir-autrui ; Etat-lois, et l’on nous pose la même question, à savoir, l’éloignement ou l’extériorité de l’une par rapport à l’autre. Pour formaliser de façon abstraite, on peut penser à chaque fois à deux ensembles dont on nous demande d’examiner les relations possibles soit en termes d’éloignement soit en termes d’extériorité. Là encore, l’examen des conditions de possibilité de l’une par rapport à l’autre devraient permettre à la fois de problématiser et de répondre. A suivre ….

Pour la notion de désir, nous avons déjà énoncé plusieurs fois énoncé ici ses conditions de possibilité, notamment en 2012 sur un sujet tombé à … Pondichéry (qui porte décidément bien son nom …) sur le sujet suivant : « Mes désirs m’appartiennent-ils? » (c’est ici) (et c’est là si on veut le début de la problématisation de ce devoir)

 

Pour le texte de saint Augustin, il faut, comme pour tout texte, si l’on ne veut pas se contenter d’une paraphrase présente dans la quasi-totalité des copies, trouver LA question que l’auteur se pose. Pour le moment, nous ne donnons pas la réponse (se préparer effectivement au baccalauréat ne peut pas consister à avaler des corrigés mais apprendre à réfléchir pour acquérir la méthode exigée) mais indiquons seulement que ce que fait ici saint Augustin correspond totalement à ce qui est exigé de tout apprenti philosophe qui veut se montrer à la hauteur de ce qui lui est demandé. Pour vous mettre sur le chemin, nous rappelons qu’il ne faut pas partir à l’abordage en considérant que l’on connaît, pour une dissertation, le sens des concepts proposés. Il faut dégager les conditions de possibilité de chaque concept. Par exemple, au lieu de jeter une apparente définition du désir, se demander : quelles sont les conditions nécessaires et suffisantes pour qu’il y ait désir ? Eh bien, que fait donc saint Augustin dans ce texte à propos du mensonge ? A suivre ….