Conseils bibliographiques sur la notion de société. (1)

S’il n’y avait qu’un livre à acheter sur la notion de société, nous conseillerions, dans la collection Corpus chez Garnier-Flammarion, le volume intitulé « La société » (autour de 6 euros). Il a l’avantage de proposer les textes essentiels, toujours présentés, ainsi qu’un vocabulaire à la fin. Le candidat qui aurait assimilé l’ensemble de ce volume pourrait affronter n’importe quelle question au concours. Comme chaque année, d’autres volumes sur le thème vont paraître mais il faut bien reconnaître que leur qualité est très variable. Du coup, le cours de votre professeur fera très bien l’affaire sans frais inutiles.

Avant de se lancer dans la lecture de philosophes, il peut être plus agréable et très intéressant de s’intéresser à des expériences imaginaires ou réelles que l’on peut qualifier de limites concernant la société. Et l’on ne saurait assez recommander de lire et relire le livre de Michel Tournier, « Vendredi ou les limbes du Pacifique » (Folio). Cet auteur, de formation philosophique, compagnon d’études de Gilles Deleuze qui a écrit une postface remarquable à ce roman, nous livre dans ce livre tout ce qui se passerait si un être, tel Robinson Crusoé, devait vivre séparé de toute vie sociale et de toute société. On y saisira le caractère ontologique d’autrui pour tout homme, en assistant à la lente déconstruction de son être, conséquence de la perte et d’autrui et de tout lien direct avec une société. Comment notre héros parvient-il à échapper à la folie qui le guette ? Comment réintroduit-il la société en lui ?

Et pourquoi, avant de se mettre à lire ce roman, ne pas tenter de se livrer à l’exercice suivant : supposons que vous deveniez Robinson Crusoé et que l’isolement (et non la solitude) produise sur vous son effet, que se passerait-il dans votre rapport à la société que vous avez, apparemment, perdue ? Si vous pouviez faire cet exercice, cela constituerait la meilleure préparation qui soit pour comprendre les problématiques que vous étudierez en cours d’année chez Aristote, Hobbes, Rousseau etc.

Rien n’empêche de prendre le sens inverse et de lire le récit sur des êtres qui eux, presque dès leur naissance, n’ont pas pu fréquenter la société des hommes, à savoir, les enfants sauvages. On peut lire sur le site extrêmement riche « Les classiques des sciences sociale »s (site animé uniquement par des bénévoles) le mémoire du médecin Jean Itard sur un enfant sauvage Victor de l’Aveyron : http://classiques.uqac.ca/classiques/itard_jean/victor_de_l_Aveyron/itard_victor_aveyron.doc
(Sur ce site on trouvera gratuitement un grand nombre de textes de Marcel Mauss, Durkheim et de philosophes essentiels pour traiter la question de la société).
Toujours sur les enfants sauvages, un classique : Lucien Malson : Les enfants sauvages, UGE, Paris 1964 et au cinéma le film de Truffaut.