Le thème de culture générale de l’année 2011-2012 pour les classes préparatoires HEC, est la société. Nous avons dit que, dans quelques temps, nous mettrions sur ce site une problématisation de cette notion mais nous voudrions déjà énoncer quelques généralités à son propos.
Pour l’étudiant naïf (et il en existe …), on peut supposer qu’une telle notion semble intéressante, facile à traiter car elle ne semble pas trop compliquée, spécialisée ; sa signification semble évidente. Et pourtant, cette qualité constitue son grand défaut. Certes, comme nous le verrons le concept de société ne semble pas présenter de difficultés insurmontables pour le définir, même si son extension à des réalités extrêmement diverses lui donne souvent un caractère flou qu’il sera malaisé de maîtriser : faudra-t-il, dans tous les sujets, prendre le concept de société au sens fort ou le laisser « flirter » avec d’autres réalités connexes comme celle de l’Etat ? Une fine intelligence sera alors nécessaire : faudra-t-il prendre dans tel ou tel sujet, le concept de société au sens strict ? Plus que jamais, l’illusion de l’homme du commun qui croit savoir d’emblée ce qu’est la société devra être combattue ; rappelons que la philosophie commence avec Socrate par la remise en question de ce que chacun croit savoir. Et ajoutons, notamment, pour les étudiants venant de la série économie, que la sociologie et autres sciences sociales ne sont pas de la philosophie et qu’il serait insuffisant de croire qu’un savoir de nature sociologique peut se substituer à une réflexion de nature philosophique sur la société : s’il est intéressant de connaître la pensée de tel ou tel sociologue, il ne faut pas oublier que, dans une dissertation, tout savoir doit être mis au service de la pensée de l’étudiant ; la récitation d’une science positive n’a aucune valeur. Nous renvoyons à la série que nous avons consacrée sur ce site à la méthodologie de la dissertation au concours.
Mais, surtout, ce qui rendra la préparation au concours très difficile est le fait que l’on peut associer le concept de société à la quasi-totalité des domaines considérés, notamment en philosophie. Le candidat qui voudrait, dans un but normal de préparation, se former à envisager le type de questions qui pourraient lui être proposées lors du concours va rapidement se rendre compte qu’il vient, tel Sisyphe, de tomber dans un processus indéfini : certains risquent de regretter d’avoir, en classe terminale, préféré faire des mathématiques ou de la biologie au lieu d’apprendre le minimum de concepts du programme officiel.
A titre de rappel, nous mettons le programme des notions de la série de terminale qui a le plus grand nombre de notions car vous pouvez repérer les notions philosophiques jugées comme étant les plus importantes. Il y manque malheureusement deux notions essentielles pour faire des problématiques fondamentales : anthropologie et métaphysique.
En voyant la liste qui suit, il n’est pas difficile d’imaginer, pour chaque notion, un sujet en rapport avec la société ; le problème philosophique (pas le sujet évidemment!) qui vous sera posé au concours est présent virtuellement dans cette liste qui permet de poser le plus grand nombre d’interrogations de nature philosophique ! Il semble pourtant difficile de trouver des sujets qui seraient directement associés avec la partie intitulée « La raison et le réel » et pourtant, vous verrez ci-dessous que cela a été le cas ! « Y a-t-il une place pour la philosophie dans une société qui accorde toute sa confiance à la raison scientifique et la réussite technique? » ou « La science peut-elle échapper à tout conditionnement social? » ou encore « Faut-il connaître scientifiquement les sociétés pour savoir les gouverner ? »

Notions :
1° Le sujet :
– La conscience
– La perception
– L’inconscient
– Autrui
– Le désir
– L’existence et le temps
2°) La culture :
– Le langage
– L’art
– Le travail et la technique
– La religion
– L’histoire
3°) La raison et le réel :
– Théorie et expérience
– La démonstration
– L’interprétation
– Le vivant
– La matière et l’esprit
– La vérité
4°) La politique :
– La société
– La justice et le droit
– L’État
5°) La morale :
– La liberté
– Le devoir
– Le bonheur

Pour bien montrer l’extension indéfinie possible de la notion de société, nous donnons, volontairement en vrac, des sujets de dissertation qui sont effectivement tombés dans des examens ou concours depuis quelques années et dans lesquels figure le mot de société (ou parfois seulement le mot social). Le sentiment de sérénité qui habitait l’esprit de certains d’entre vous va instantanément disparaître ! Et pour ceux qui ne verraient pas le danger et qui croiraient que bon nombre de sujets qui figurent ci-dessous sont marginaux par rapport à la notion de société, nous leur rappellerons qu’il n’y a pas très longtemps, alors que le thème de l’année était la croyance, un sujet vraiment marginal était tombé à Ecricome, à savoir : «Nous savons que nous sommes mortels mais nous n’y croyons pas ».

Une société a-t-elle besoin d’artiste ?
Une société peut-elle se passer d’artistes ?
Que deviendrait une société sans artistes ?
L’art n’est-il qu’une activité de luxe, ou bien vous paraît-il utile et même nécessaire à la vie en société?
Peut-on concevoir une société sans art ?
Dans quelle mesure l’art est-il un fait social ?
Comment l’art peut-il s’insérer dans la vie sociale?
Une société juste peut-elle s’accommoder d’inégalités?
La relation à autrui se trouve-t-elle profondément modifiée par la nature de la société dans laquelle cette relation s’opère ?
Peut-on parler de bonheur d’une société ?
« Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience. » Karl Marx
Une société sans droit est-elle concevable ?
La consommation peut-elle être une fin pour l’individu ou pour la société ?
Quel sens peut avoir l’égalité dans une société où règne la concurrence?
Comment concevoir les rapports entre les échanges économiques et l’ensemble de la vie sociale ?
L’échange est-il au principe de la société ?
Les échanges marchands peuvent-ils à la fois unir et satisfaire tous les membres d’une société ?
Il est utopique de vouloir édifier une société égalitaire alors que les hommes par nature sont inégaux
La valeur d’une action se mesure-t-elle à son utilité sociale ?
Peut-on concevoir une société sans historiens ?
Les transformations historiques de la société contraignent-elles l’homme à changer les principes selon lesquels il doit diriger son action ?
Dans quelle mesure les idées sont-elles indépendantes des circonstances économiques et sociales dans lesquelles elles se manifestent ?
S’il y a des inégalités naturelles, la société doit-elle les admettre ou les compenser ?
La pratique de la liberté est-elle liée à l’organisation économique et politique de la société ?
La liberté est-elle possible en dehors d’un cadre social ?
Peut-on dire que « le but de l’organisation en société, c’est la liberté »?
Pouvons-nous être libres dans une société où le coût et la complexité des moyens techniques accroissent sans cesse la dépendance de l’individu ?
La moralité est-elle conformisme social ou liberté ?
Faut-il dire que la société dénature l’homme ou qu’elle l’humanise ?
Y a-t-il une place pour la philosophie dans une société qui accorde toute sa confiance à la raison scientifique et la réussite technique?
Que signifie l’expression « avoir l’âge de raison » ? Peut-elle s’appliquer indifféremment aux individus et aux sociétés ?
« Nous concevons notre société moderne, dans son développement, non pas comme une société qui chasse le mythe pour la rationalité mais qui suscite de nouveaux mythes et irrationalités »
A-t-on pleinement rendu compte du phénomène religieux lorsqu’on l’a expliqué par un certain état du développement historique d’une société ?
Une société sans religion est-elle possible ?
La religion n’a-t-elle qu’une fonction de cohésion sociale ?
Une société peut-elle se passer de religion ?
Le physicien dont les travaux fondamentaux ont permis la naissance d’une technologie dont la société fait un mauvais usage a-t-il une responsabilité?
La science peut-elle échapper à tout conditionnement social?
Peut-on dire d’une société qu’elle est plus avancée qu’une autre ?
Le lien social est-il naturel ou conventionnel?
Une société se réduit-elle à la somme des institutions qui la composent ?
Peut-on justifier une hiérarchie dans la société ?
Peut-on vivre « en marge de la société » ?
Sont-ce les institutions ou les hommes qui font la valeur d’une société ?
« L’homme est destiné à vivre en société; il a l’obligation de vivre dans la société; il n’est pas un homme entier, achevé ; il se contredit s’il vit isolé ».
L’intérêt est-il l’unique lien social ?
La vie en société n’a-t-elle pour fondement que la complémentarité des besoins ?
L’obligation morale est-elle entièrement expliquée par la pression de la société sur l’individu ?
Peut-on dire que la société constitue une entrave à l’épanouissement de l’individu?
La morale est-elle une convention sociale ?
La morale n’est pas utile à la société, elle est utile à l’homme. Qu’en pensez-vous ?
Qu’est-ce qu’un marginal?
Les crises au sein d’une société sont-elles le signe de sa vitalité?
Peut-on s’exclure de la société ?
Une société sans conflits est-elle possible? Est-elle souhaitable?
Dans la société communiste, le travail de « simple moyen de vivre » deviendra le « premier besoin de l’existence » (Marx)
Peut-on penser une société sans Etat ?
Les hommes ne vivent-ils en société que par intérêt ?
Nature et société sont-elles au même titre objet de science?
Faut-il connaître scientifiquement les sociétés pour savoir les gouverner ?
Vivre en société, est-ce seulement vivre ensemble ?
Une société sans travail est-elle souhaitable ?