Doit-on tout faire pour être heureux ?

Sujet classique mais, comme tout sujet, qui demande à être lu avec attention pour être correctement problématisé. Et la clé réside dans une définition du bonheur qui ne le confonde pas avec le plaisir ou la joie.
N’ y a-t-il pas contradiction entre « faire » et « être » ? Certes, on pourrait dire que notre action, notre agir, a pour but final l’état de bonheur : l’action prendrait fin lorsque nous le bonheur serait atteint.
Mais l’intitulé suppose que le bonheur pourrait être le fruit de notre action. Or il faudrait prouver que la bonheur puisse être la conséquence de notre action.
De plus l’intitulé présuppose que la totalité de notre action dans l’existence devrait être polarisée par la recherche du bonheur. Cela pose la question des valeurs qui doivent être posées par et pour l’homme. Ne pourrait-on pas poser la vérité, la justice comme valeurs suprêmes à rechercher dans l’existence ? Il s’agit d’une question axiologique. Or, contrairement à ce que l’on pense habituellement, il n’est pas possible choisir de réaliser toutes les valeurs. Ainsi, si je choisis de déterminer mon action essentiellement par des valeurs morales (voir Kant), il ne sera pas toujours possible de poursuivre le bonheur : il y a des choix tragiques dans l’existence (voir Antigone).
Ainsi, il ne faudrait pas oublier le verbe devoir qui pose à la fois un principe éthique (une vie bonne est-elle celle qui est tendue de façon absolue vers le bonheur ?) et un principe moral (une vie normée par le bien, est-elle celle qui est tendue de façon absolue vers l’obtention du bonheur ?)