Sujets de philo bac S 2014 – Pondichéry
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants
1er sujet
Une œuvre d’art peut-elle être immorale ?
2eme sujet
Seul ce qui est démontré est-il prouvé ?
3eme sujet
Expliquer le texte suivant
Les gens qui croient au libre arbitre croient toujours en même temps, dans un autre compartiment de leur esprit, que les actes de volonté ont des causes. Ils pensent par exemple que la vertu peut être inculquée par une bonne éducation, et que l’instruction religieuse est très utile à la morale. Ils pensent que les sermons font du bien, et que les exhortations morales peuvent être salutaires. Or il est évident que, si les actes de volonté vertueux n’ont pas de causes, nous ne pouvons absolument rien faire pour les encourager. Dans la mesure où un homme croit qu’il est en son pouvoir, ou au pouvoir de quiconque, d’encourager un comportement souhaitable chez les autres, il croit à la motivation psychologique et non au libre arbitre. En pratique, tous nos rapports mutuels reposent sur l’hypothèse que les actions humaines résultent de circonstances antérieures. La propagande politique, le code pénal, la publication de livres préconisant telle ou telle ligne d’action, perdraient leur raison d’être s’ils n’avaient aucun effet sur ce que les gens font. Les partisans de la doctrine du libre arbitre ne se rendent pas compte de ses conséquences. Nous disons : « Pourquoi l’avez-vous fait ? » et nous nous attendons à voir mentionner en réponse des croyances et des désirs qui ont causé l’action. Si un homme ne sait pas lui-même pourquoi il a agi comme il l’a fait, nous chercherons peut-être une cause dans son inconscient, mais il ne nous viendra jamais à l’idée qu’il puisse n’y avoir aucune cause.
B. RUSSELL, Science et religion. 1935.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Quelques remarques générales.
Comme dans les autres séries de Pondichéry pour la session 2014, on ne peut que se féliciter du choix des sujets très équilibrés et qui parcourent des parties importantes du programme de chaque série de telle sorte qu’aucun candidat sérieux ne peut être pris au dépourvu.
Pour le moment, nous n’avons pas de remarque particulière à faire sur le sujet classique d’épistémologie pour des séries scientifiques, « Seul ce qui est démontré est-il prouvé ? », même si, généralement, on demande aux candidats de discuter les rapports entre la preuve et la vérité. Diderot en quelques lignes avait déjà tout dit :
« DEMONTRER, Prouver, v. a. (Gramm. Syn. Logique.) Démontrer, c’est prouver par la voie du raisonnement, par des conséquences nécessaires d’un principe évident. Prouver, c’est établir la vérité d’une chose par des preuves de fait ou de raisonnement, par un temoignage incontestable des pieces justificatives, &c. On ne démontre point les faits, on ne démontre que les propositions; mais on prouve les propositions & les faits. Le géometre démontre. Le physicien ne démontre pas, il prouve seulement: c’est que les vérités physiques sont des phénomenes qui se montrent & ne se démontrent pas, au lieu que les vérités géométriques sont des propositions qui se démontrent, sans se montrer. On prouve tout ce que l’on démontre, mais on ne démontre pas tout ce que l’on prouve. »
Le sujet « Une œuvre d’art peut-elle être immorale ? » est plus classique et plus intéressant ; nous en donnerons la problématisation dans quelques temps. Comme toujours, il suffit de dégager les conditions nécessaires et suffisantes pour qu’il y ait œuvre d’art ainsi que morale et la problématique se mettra d’elle-même en place. Rappelons le conseil pour se préparer au bac : il est inutile d’apprendre des pages et des pages entière de cours ; il faut et il suffit d’apprendre les conditions de possibilité des quelques notions au programme et faire une dissertation deviendra un jeu combinatoire à la portée de tous les esprits. Vous ne serez pas jugés sur la masse de connaissances écrites mais sur la façon dont vous questionnez un intitulé proposé.
Quant au texte de Bertrand Russell sur la libre arbitre ne pose pas de problème particulier.