Obéir à l’État, est-ce renoncer à sa liberté ?

Nous répétons que pour aller au bac en toute sérénité, il suffit d’apprendre pour toutes les notions du programme leurs conditions de possibilité, leur essence ; alors, (ré)visons !

Donnons l’essence ou les conditions de possibilité des deux notions en présence :

L’État nécessite trois conditions de possibilité :

– un territoire ; sans territoire nous n’avons, tout au plus qu’une nation
des institutions législatives, juridiques, économiques, éducatives et pas seulement gouvernementale qui n’en constitue qu’une parmi d’autres
une inégalité entre les hommes : certains commandent, d’autres obéissent. (On évitera d’écrire, sauf pour avoir le même argument dans deux parties différentes, que l’État a le monopole de la violence légitime car, en droit, l’Etat dispose de la force (par exemple policière ou militaire régulée par la loi et la justice) et non de la violence et l’exercice de la force (par exemple pour protéger la vie des citoyens) n’est en rien morale mais simplement légale. Donc l’État dispose des forces qui permettent de faire respecter la légalité. Et pourrais-je dire que je suis moins libre quand un Etat démocratique impose au violent non pas la violence mais la force de la loi ?)

– Liberté nécessite trois conditions de possibilité: (voir développement plus détaillé ici : la liberté peut-elle être un fardeau ?)

– Une conscience, mieux la raison
– choix
– volonté

(Défaut fréquent : placer dans un sujet sur la liberté, les différentes conceptions de la liberté : celles-ci ne peuvent intervenir qu’une fois ces trois conditions de possibilité de la liberté posées).

La problématique se dégage toute seule de l’analyse de ces deux concepts :

– En quoi la raison, constitutive de la liberté, serait-elle mise en danger par l’obéissance à l’Etat, ici constitué par ses institutions et son inégalité originelle entre les hommes nécessaire pour que l’État fonctionne ? La raison exclut-elle toute inégalité ? [Dans la réponse, on montrera que certains États despotiques ne suivant que la force et non la raison sont par nature négateurs de la liberté : obéir à la force exclut l’assentiment de la raison. Inversement dans un État démocratique où la raison doit être au fondement, la liberté n’est pas niée par une obéissance consentie par la raison
– En quoi le choix, constitutif de la liberté, serait-il exclu dans le rapport et la constitution de l’Etat
– En quoi, la volonté, constitutive de la liberté, serait-elle niée et par l’obéissance à des lois, des institutions, et par le fait que certains commandent nécessairement à d’autres ? Toute obéissance à l’Etat est-elle de l’ordre de la contrainte ou de la volonté ? (C’est ici que l’on pourra faire intervenir, dans le corps du devoir les différentes conceptions de la liberté : liberté comme acceptation volontaire du destin ; liberté comme libre-arbitre qui se détermine absolument sans tenir compte d’aucune condition ; liberté comme choix parmi les déterminismes).

Dans ce devoir, il ne s’agit pas d’en rester à ces 3 conditions de possibilité de la liberté mais il faut les mettre en œuvre au sein d’un groupe, d’une collectivité que l’on nomme État. En d’autres termes, ce sujet nous oblige à envisager une modalité d’existence de la liberté, la liberté politique qui s’exerce au sein d’une vie commune.

Est-ce que l’organisation inégalitaire constitutive de tout État diminue la liberté des hommes ? La loi qui vient de l’Etat n’est-elle pas la condition de possibilité de la liberté dans une vie collective ? Inversement le refus de tout fondement en dehors de son être (an-archie comme refus de tout principe extérieur à notre être) est-il la condition de possibilité de la liberté ?

Ainsi, l’intitulé oppose ce qui est de l’ordre du collectif (Etat) et ce qui est individuel (sa liberté). La contradiction est-elle ontologique ou accidentelle ?
De plus, cet intitulé demande si l’on peut concilier liberté et obéissance, ici à l’Etat, mais plus généralement à toute forme d’obéissance (on connaît la réponse de Rousseau : « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ».

En fait tout repose sur la conception que l’on se fait de l’homme, ce que l’on nomme anthropologie. C’est en dernier lieu l’essence que l’on se donne de l’homme qui permet de répondre à cette interrogation. Si l’on pose, comme le fait Max Stirner, que l’essence de l’homme, c’est son moi individuel, toute forme d’obéissance à une autorité extérieure à son être ne peut être qu’aliénante. Si, au contraire, on ne peut pas penser l’essence de l’homme indépendamment d’un rapport intrinsèque à autrui, la possibilité de concilier liberté et obéissance à une loi commune, existe pleinement.